Rémi, aiguiseur de couteaux et de nostalgie
Texte : Anne-Cécile S. Michelet Photos : Guy Coste
publié le 28 octobre 2025
Tous les 15 jours il est présent sur le marché de Grand-Champ, Rémi Latour. Sa raison ? Il est affûteur-rémouleur itinérant, un métier bien connu des anciens, à l’époque où l’on se souciait de réparer et de transmettre, que ce soit les biens et les savoir-faire.
Puis nous sommes passés à la société de consommation, friande d’achats impulsifs, de biens jetables, prétextes à acheter encore et souvent, pour assouvir nos boulimies de nouveauté. Mais à nouveau, les usages bougent.

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Aujourd’hui, ici et là, on voit à nouveau apparaître des professionnels comme Rémi Latour, également connu comme "Rémi le Rémouleur" qui pratiquent un métier ancien. Serait-ce le signe que l’époque change à nouveau et qu’on entre dans un autre cycle ? Ça, c'est l’Histoire qui nous le dira…
On voit renaître des métiers anciens
Celle de Rémi a commencé il y a maintenant 43 ans. Avant d’être “le rémouleur du marché de Grand-Champ et d'ailleurs”, il y a exercé d'autres métiers : aide soignant pendant seize ans, monteur d'échafaudages, manager dans une entreprise de fast food “et d’autres « boulots » en intérim”. Et puis, il y a trois ans, parce qu’il entretenait ses propres outils et qu’il en avait aussi le goût, il s’est demandé si, de son savoir-faire, il pouvait faire son nouveau métier et si quelques-uns l’exerçaient déjà. C’est ainsi que, à Valenciennes, il a découvert une formation de rémouleur. Elle a été sa porte d’entrée.
« J’aime changer pour le goût de la nouveauté », explique-t-il. « Ça me plait de tester, de découvrir et aussi de me challenger. Et, dans la mesure où je ne suis pas carriériste, rien ne m’empêche de suivre mon envie, à condition qu'elle puisse nous nourrir, ma femme, mes deux enfants et moi ». Rémi a donc monté un dossier, obtenu un financement de l’Etat et s’est formé à Valenciennes.
A son retour, il a commencé par cumuler ses deux professions, aide soignant et rémouleur. Puis il s’est lancé à 100%, avec un barnum et quelques tables en guise d’office. « J’ai pu, par la suite, investir dans une remorque, mais elle s’est malheureusement cassée très vite. Alors, retour au simple barnum. Ça a duré à nouveau 6 mois. Puis j'ai trouvé le bon camion d’occas' ».
Ce que je préfère dans ce métier ? Les choses un peu rares et compliquées
Aujourd’hui Rémi vit de sa nouvelle profession. Ça représente des grosses journées, des revenus en dents de scie et un paquet de kilomètres chaque mois puisque ses tournées comprennent 14 communes, entre Brec’h et Plumelec. Il y passe une semaine sur deux, en général une demi-journée et il s'agit de ne pas le louper ! « C'est intense mais je trouve du sens à mon métier. J’aime les relations aux autres, qu’ils soient clients ou autres forains et j’ai du plaisir à entreprendre ».

Ce qu’il préfère dans ce métier ? Les choses un peu rares et compliquées, les anciennes lames en acier, les couteaux japonais qui sont très précis et chers et les combats quasi perdus. « J’aime le sourire retrouvé du client qui était arrivé en disant « je ne sais pas si ça va être possible », quand nous constatons tous les deux que finalement oui, j’y suis arrivé. J’aime exercer un savoir-faire que tout le monde n’a pas. Enfin, j’aime aussi, je le reconnais, l’image de l'affûtage qui évoque pour moi le cow-boy, capable de se raser avec son couteau ».
Texte : Anne-Cécile S. Michelet
Photos : Guy Coste
Le message à faire passer :
J’aimerais dire qu’il faut faire travailler les gens sur les marchés. On est beaucoup à se démener pour faire vivre les petites communes. Nous sommes plein de forains à nous casser la tête pour faire bien, pour nous fournir en local, pour offrir du travail de qualité, des produits sans pesticides... Or, les clients ne sont pas toujours au rendez-vous, par facilité sans doute parce que dans leur tête, faire le marché c'est plus compliqué que de faire ses courses dans une grande surface. Mais, sans toujours en avoir conscience, dans ce scénario, ils engraissent des géants qui n’en ont pas vraiment besoin et en plus, ils achètent de qualité moindre alors qu’ils pourraient faire autrement et à moindre coût.
Le besoin de Rémi :
Que les communes communiquent chaque semaine par de l’affichage sur la présence du marché tel jour à tel endroit. Je vois une vraie différence de fréquentation entre les communes qui le font chaque semaine et celles qui ne le font pas.
Son rêve :
Le retour de halles dans toutes les communes comme ce fut le cas pendant longtemps, pour protéger des intempéries aussi bien les marchands et les clients. Ca éviterait les effets de yoyo : mauvais temps = marché vide.
Contact et infos :
Rémi est présent sur le marché de Grand-Champ un samedi sur deux. Il peut aussi se déplacer sur rendez-vous, à partir de 60 euros de prestation.
Tél : 06 50 40 42 49
https://www.facebook.com/remileremouleur
https://www.instagram.com/remi.le.remouleur/









