L’art urbain en ruralité : une rencontre unique
Par Sophie Bégot & Solène Bourdais
publié le 6 octobre 2025
Quand on pose la question de l'art à Grand-Champ, la Villa Grégam est sur toutes les lèvres. Si vous aimiez ce lieu, vous connaissez certainement Stéphane Gréky, artiste peintre qui y était en résidence. Casquette toujours vissée sur la tête, Stéphane revient pour nous sur cette expérience et nous parle démarche artistique, ruralité, espaces hybrides... et rencontre des Grégamistes.

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Depuis la fin de la résidence d’artistes, la Villa Grégam de Grand-Champ qui fut son laboratoire d’expérimentations et son premier champ d’expression, celui qui signe ses œuvres « Gréky », a depuis, fait un long et talentueux chemin. Il a exploré de nombreux recoins de cet art controversé. Il sait mieux que personne les ingrédients qui ouvrent les habitants d’une commune rurale au street-art, aux arts vivants et à l’expression libre des émotions. Nous sommes allées à la rencontre de Stéphane Gréky, pour recueillir son point de vue et ses idées pour faire renaître cet esprit de création libre en ruralité.
Nous avons rencontré Stéphane sur le port de vannes, en pleine création pour le nouveau tiers-lieu multiculturel LA TRAVERSE. Il exprime toujours son art à travers une technique toute personnelle, dans le mouvement, dans une gestuelle presque automatique et spontanée – fruit de longues années de travail.L’occasion pour nous de nous poser plusieurs heures et d’échanger avec Stéphane à bâton rompu sur l’art en général et la culture en ruralité.


Un lieu unique pour faire éclore la création
Ce qui attache Gréky à Grand-Champ ? Tout naturellement, la Villa Gregam. Cette résidence d’artistes, basée sur un système original et solidaire, lui a permis d’explorer son art sans contrainte de création et avec une liberté totale de projet. On comprend mieux ce qui l’a attiré dans notre petite commune rurale.
Alors il se rappelle et nous raconte : « la Villa Grégam est arrivée dans ma vie à un moment charnière. J’ai pu y créer sans pression, aller explorer mon art et ma démarche de création. C’était un lieu calme, en ruralité et en pleine nature, 100% tourné pour la création » nous partage l’artiste.
C’est dans ce lieu et dans cette ambition qu’il a pu se révéler en tant qu’artiste, y découvrir sa personnalité et aussi présenter au public sa proposition artistique.
« Comme nous vivions en cœur de bourg, les rencontres, les débats avec les Grégamistes sur l'art et la culture sont venus naturellement. Cette proximité a permis de réels échanges, et même des moments de co-création entre les habitants et nous, artistes » explique Stéphane.
Proposer et créer des ponts
C’est à ce moment que ce jeune artiste a compris qu’il était essentiel pour lui d’être en contact direct avec le public. « J'ai beaucoup réfléchi sur le fait que l’art, en investissant des murs géants en extérieur, peut « imposer » des œuvres au public. Cela peut être dur, les gens ne sont pas forcément dans la disposition d'esprit de les recevoir. Alors, maintenant je préfère « proposer ».
Nous comprenons que, comme lui en tant qu'homme, sa démarche artistique évolue. Dans ce moment de sa vie, ce qui intéresse Greky c'est de créer du dialogue. Ses œuvres sont maintenant des ponts.
« Je propose des œuvres plus douces, plus calmes, plus essentielles qu’à mes débuts, nous explique l’artiste. Je suis très inspiré par la nature - j’y marche de longues heures chaque jour - par le vivant, la beauté du monde... Dans mon art comme dans ma vie, je suis tout le temps en mouvement… pour être en équilibre et heureux ».

Ce dialogue et ce lien, Stéphane les met aussi en musique dans des ateliers collectifs avec une grande variété de publics : « Quels que soient le groupe, l'âge des gens, leur situation, leur inexpérience, j'aime les accompagner pour oser, essayer, se sentir libre, ressentir... Dans ces moments, on est ensemble, vraiment. Et on se nourrit mutuellement ».
Tiers-lieux, résidences d’artistes, espaces de rencontres et d’initiatives
Les tiers lieux, les résidences d’artistes, des espaces d’expression artistique prennent de multiples formes. Ils se créent partout, parce qu’exprimer à travers l’art est le propre des Hommes. Ces lieux permettent de créer ensemble, d’être libres, de se défaire des contraintes. Ils permettent d’agir de manière spontanée et personnelle, de lâcher prise. Et puis, ils permettent à de nouveaux artistes d’éclore, y compris ceux qui viennent de petites communes rurales et qui n’ont pas toujours l’accès à la culture.
« Pour moi, ces lieux permettent le « aller vers » de l’art vers les gens et c’est juste essentiel ! J’ai très envie d’investir un nouveau projet de lieu artistique et collectif. Il y a plein de choses intéressantes à imaginer», conclut l’artiste.
Par Sophie Bégot et Solène Bourdais
Quel est ton côté Pikoù Panez ?
Je suis récemment revenu sur l’ancien emplacement de la Villa Grégam. J’ai vu ce bout de mur encore debout et là, ça a été comme une évidence : il reste encore de la place pour faire une dernière œuvre pour les habitants ! Alors je l’ai fait de manière libre et spontanée et avec l’envie de faire du beau et du bien pour les gens.

As-tu un conseil de lecture ?
Je conseille vraiment à tout le monde de lire « Petite éloge de la fuite hors du monde ». Dans cet ouvrage Rémy Oudghiri parle de la tentation de la fuite, du renoncement au confort, de la disparition à l’horizon du monde. Certains ne feront qu’y penser, d’autres sauteront le pas et tenteront l’aventure que ce livre nous laisse l’imaginer.

« Mes meilleurs murs ont été réalisés avec des personnes en situation de handicap. Il y a quelque chose de très pur et c’est à chaque fois inédit »








