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Julie fait bouger les lignes


Par Anne-Cécile S. Michelet
publié le 25 mai 2025

Julie, c’est cette jeune étudiante de Grand-Champ qui, il y a deux ans, agacée d’être contrainte de sécher ses cours afin d’attraper le dernier bus Kiceo 25, avait lancé une pétition pour que le nombre de bus augmente. L’affaire avait fait un peu de bruit. Au-delà de l’histoire de transports en commun, nous avons souhaité comprendre ce qui a fait qu’un jour, Julie est passée à l’action !

Photos : Anne-Cécile S. Michelet
Photos : Anne-Cécile S. Michelet

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Julie Rolland Billaud, peut-être en avez-vous déjà entendu parler. C’est cette jeune étudiante de Grand-Champ qui, il y a 2 ans, agacée d’être contrainte d’arriver chaque jour trop tôt ou trop tard à la fac ou chez elle, de sécher ses cours afin d’attraper le dernier bus, de se lever à 6 heures pour être à 9h00 à l’UCO, a lancé une pétition afin que le nombre de bus n°25 augmente. L’affaire a fait un peu de bruit dans la presse et sur les réseaux sociaux et, suite à cela, cette année, un bus a été ajouté, à l’essai. Mais au-delà de l’histoire de transports en commun, à Pikoù Panez nous avons souhaité comprendre ce qui a fait qu’un jour, Julie s’est dit : cela suffit. Et qu’elle est passée à l’action !

 

Le jour de l’entretien, Julie m’accueille chez ses parents à Grand-Champ. C’est moi qui suis un peu en retard, c’est elle qui s’excuserait presque. Je la sens très jeune - ce qu’elle est – timide, bien élevée. Elle m’apprend qu’elle aime la photographie, voyager. Qu’elle est anxieuse et a peur de parler en public. Qu’elle a déjà sauté en parachute, est partie passer quelques mois à l’autre bout du pays alors qu’elle n’y connaissait personne, que l’inconnu, ça la stimule. Un joli mélange d’audace et de peur de déranger.

 

“Ma pétition est née d’une colère et d’un sentiment d’injustice”, m’explique-t-elle. “D’un côté, on nous dit « écologie », « semaine de la mobilité », « protection de l’environnement », mais de l’autre, on ne nous donne pas les moyens de faire autrement qu’en voiture”, si tant est qu’on en ait une, de voiture ! “Dans ces fameux bus 25 qui relient Grand-Champ à Vannes, je n’étais pas la seule à les trouver trop rares et à subir ce même quotidien compliqué : d’autres étudiants étaient concernés, évidemment, mais aussi des salariés, forcés d’attendre une heure le matin devant leur lieu de travail, parce que « pas d’autres alternatives ». Nous en parlions entre passagers, l’un d’eux a soufflé l’idée de la pétition. Ça m'a semblé simple, évident, alors je me suis lancée”.


J’étais contente mais je me suis sentie trop seule


Le premier jour de sa publication sur change.org, ça lui a semblé étrange, à Julie de ne voir que 3 ou 4 signatures posées sous son texte. Les résultats sont rarement immédiats. Un peu de temps est parfois nécessaire avant que la pétition ne soit connue mais surtout, Julie osait peu parler de son action. Un peu au sport, à l’association de photographie, mais pas à la fac par exemple, à cause de sa peur de parler devant un amphi plein. Peu à peu pourtant, les chiffres sont montés « j’avais fait des petites affiches que je déposais aux arrêts-bus, sur lesquelles j’incitais les gens à signer”. Parallèlement, Ouest-France a écrit un article sur son action, ce qui a déclenché 200 nouvelles signatures. Ensuite le rythme a ralenti, jusqu’à l’article suivant. De son côté, Julie poursuivait son action sur les réseaux sociaux. “J’étais contente que ça décolle mais je me sentais seule dans ce combat. Certains me disaient que c’était bien, mais ne pensaient pas à signer. D’autres signaient éventuellement tout en trouvant ça inutile. Une partie de ma famille ne m’a pas bien comprise je crois. Peut-être qu’ils pensaient que ça ne changerait rien”.

 

Sa plus grosse difficulté fut de devoir tout faire toute seule, de ne pas être épaulée, même par les personnes concernées. “Personne ne m’a spontanément proposé de s’investir à mes côtés et de mon côté, je n’ai pas osé chercher cette aide”, analyse-t-elle

 

Aujourd’hui 500 signatures ont été apposées sous la pétition et un bus supplémentaire est testé cette année. Un bus transversal, entre petites communes, et non un bus supplémentaire sur la ligne 25. “Ça n’est pas ce que j’avais demandé,” constate Julie, “mais ça n’est pas idiot. Je me dis que c’est peut-être un peu grâce à la pétition. Elle a initié des échanges, d’autres gens se sont exprimés sur les réseaux. Peut-être que ça a permis de mettre le dossier « bus » sur la table de Vannes Agglo. 

 

Bientôt deux ans sont passés depuis son action. Le sujet pour Julie est un peu une histoire ancienne, « parce que ça fait plus de 20 mois, parce que j’ai aussi mes cours, la fac, la photo, le baseball, un service civique à vivre, en Corse, dans une association qui lutte contre la pollution plastique… Et aussi parce que je me suis usée. Je pensais que ça serait facile de recueillir des signatures. J’ai appris que c’est compliqué. Que c’est du temps, de l’énergie de garder toujours la foi et que c’est parfois difficile”.

 

Si c’était à refaire Julie ferait autrement, en créant un collectif, un groupe de personnes aux valeurs communes, “pour faire ensemble, pas forcément une pétition mais plutôt des actions de sensibilisation, des trucs qui interpellent les gens. Si nous avions été ne serait-ce que 4 ou 5, on se serait motivé, j’aurais dépassé mes peurs de déranger, on aurait osé parler en amphi, on y serait allés ensemble. Ensemble on est plus fort et on a plus d’impact. Avec le recul, j’ai compris l’importance de ce point là”.


Du haut de mes 21 ans, j’ai pu faire bouger quelque chose


Aujourd’hui Julie a la sensation d’être arrivée au bout de ce qu’elle peut faire seule, pour ce sujet. 

“L'expérience de la pétition est derrière moi. En revanche, le militantisme est bien là et je sais qu’il ressortira. Cette première expérience m’aura au moins montré que du haut de mes 21 ans, j’ai pu faire bouger quelque chose. Et de ça, je peux être très fière”


Texte écrit par Anne-Cécile S. Michelet

Julie, c’est quoi ton côté Pikoù Panez ?

Plutôt que de subir une situation qui me semblait injuste, j’ai décidé de passer à l’action. 


Comment peut-on t’aider ? 

C'est peut-être un peu hors sujet mais, si vos lecteurs ont envie de suivre mon compte "photo" sur instagram (_julie_rld), ça me très plaisir de partager celles-ci avec eux.

Pour signer la pétition, cliquer ici  et pour suivre Julie sur Instagram, c'est là !
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