top of page

Faire danser, pour rassembler les divers gens


Par Anne-Cécile S. Michelet
Publié le 20 juin 2025
Davantage encore que danser sur scène, ce qui anime Mathilde Dinard c’est de réunir toutes sortes de gens autour de son art : la danse. Pour cela, elle a créé Les Divers Gens, une compagnie de danse de Plumergat, venue à Grand-Champ il y a 2 ans, proposer un atelier à ses habitants. J’étais là, par curiosité. Aujourd’hui j’ai eu envie de la recontacter, pour mieux comprendre l’énergie qui l’anime et qui nous avait donné tant de joie à danser.
Photos Anne-Cécile S. Michelet
Photos Anne-Cécile S. Michelet


Partager cet article

« J’avais 15 ans lorsque j’ai intégré le Conservatoire de danse de Nantes. J’étais plus grande et plus charpentée que la plupart des autres danseuses. Trop, manifestement, aux yeux de mes enseignantes qui n’ont cessé de me répéter que je ne réussirais jamais et m’ont psychologiquement cassée. Je suis devenue danseuse malgré tout et j’ai monté ma compagnie. Mais je me suis parfois demandé si, tout ce que j’ai créé depuis, je ne l’ai pas fait, avant tout, pour leur prouver qu’elles se trompaient”. Peut-être est-ce pour cette raison aussi que Mathilde s’est donné pour mission d'inviter, elle, toute la diversité des gens à danser ! 


« Dans chacun de mes spectacles, je crée toujours un moment où j’invite les gens à se lever et à me rejoindre sur scène», raconte-t-elle. « Et ça, jamais ça n’a échoué. Sur environ 70 - 80 représentations peut-être, je ne me suis jamais retrouvée seule. J’aime que les gens viennent comme ils sont, avec leur âge, leur histoire, les vêtements dans lesquels ils sont, leur façon personnelle de bouger, qu’ils soient ou pas habitués à danser. C’est sur cette base, chaque fois différente, que nous construisons, eux et moi, un moment à la fois joyeux et beau. Donner envie de danser, c’est ma force et ma très grande joie». 


J’aime que les gens viennent comme ils sont


Créée en 2018, sa compagnie, Les Divers Gens s’est construite autour de 3 axes, tous importants aux yeux de Mathilde : La création de spectacles. La médiation culturelle sur le territoire. Le festival La Bougeotte. Né en 2019, c’est chaque année une journée entière de spectacles et d'ateliers, pour tous, initiés et non initiés. “Pour moi, ce festival résume vraiment l’ADN de la compagnie qui est, à travers la danse, de créer du lien entre des gens. Le public y est vraiment varié et peut-être qu’ailleurs, le métier, l’âge, la couleur politique, le milieu d’origine de chaque participant seraient autant de barrages les empêchant de se lier aux autres. Mais dans les ateliers, tout ça n’existe plus. Ils se sourient, partagent, tous complices du même moment vécu”.


Une autre création qui rend Mathilde fière, c’est celle de son atelier dédié aux plus de 60 ans, cet âge où danseurs et danseuses professionnelles sont plus que retraitées. “Les aînés sont amateurs oui, mais lorsqu’ils dansent sur scène, ils en jettent tellement ! ” s’enthousiasme Mathilde. “En effet ils sont vieux mais ils sont tellement beaux à regarder danser. Et eux le ressentent aussi, à tel point qu’ils se sont rebaptisés « Les gold ». Gold, qui signifie l’or, parce qu’ils brillent d’une lumineuse énergie de vie. Lumineuse et manifestement contagieuse aussi.


Créer du lien, l’ADN de la compagnie


Aujourd’hui spectacles et ateliers s’enchaînent. De belles dates sont déjà posées mais, peut-être comme dans beaucoup d’histoires, les débuts de la compagnie ont commencé par être compliqués. “Pendant 3 ans j’ai beaucoup douté, sans aucun appui financier, d’encouragement de la famille du spectacle vivant ni de réponse des programmateurs. Jusqu’à ce que deux femmes me tendent la main : d’abord Magali le Floch, propriétaire du Bar Breton, à Brech, qui m’a invitée à y danser. Puis Laurence Pelletier, programmatrice du Grain de Sel, la salle de spectacle de Séné. Par chance, elle était présente, ce fameux soir, au Bar Breton. Elle m’a vue et m’a abordée pour me dire « je sais que tu es capable ». Elle m’a proposé sa scène, pour jouer le spectacle qu’elle venait de me voir danser et, aussi, une résidence d’artiste, avec des moyens financiers, pour en créer un second. » Bonnes rencontres, confiance, mains tendues, un nouveau cycle était lancé. 


Depuis, la compagnie a évolué. Cette année, elle aura 7 ans et Mathilde, elle, 40 ans. « Je sens que je suis à un tournant de vie et je questionne à nouveau mon avenir. J’ai l’impression que ce que je fais a du sens, que le public aime ce que je fais mais moi, je ne m’en émerveille plus, signe que je dois me remettre à créer. Mais peut-être moins dans la danse. Et assurément pas toute seule. Ça, si c’était à refaire, c’est ce que je ferais autrement. J’ai lancé la compagnie seule oui. Or, si la plupart sont montées en binôme, c’est bien qu’il y a une raison. Je l’ai découverte plus tard : à deux on est plus solide, sur les rendez-vous, les décisions… Mais, à défaut de m’associer, l’expérience m’a appris à davantage m’entourer. Je suis aujourd’hui touchée par les bénévoles entrées dans l’association depuis ses débuts. Leur ouvrir la porte a changé beaucoup de choses pour moi et, si j’hésite à arrêter, c’est en grande partie pour elles je crois”. 


L'expérience m'a appris à davantage m'entourer


Cependant, son corps commence à lui dire qu’il a besoin de plus de temps pour se préparer aux spectacles et à chaque entraînement aussi. « Alors, parfois je m’imagine passer, peut-être, à autre chose : arrêter la danse et créer un grand lieu, avec d’autres personnes cette fois. Un lieu qui sentirait le café, où l’on pourrait acheter des fleurs, prendre un cours de yoga, manger un super gâteau... Ma mère est fleuriste et j’ai hérité d’elle mon goût pour les couleurs, le beau, l’esthétisme. Je rêve donc d’un lieu très beau, un lieu de passage et de rencontres, de créativité aussi. Tout ce qui m’anime finalement”. 


Cela fait une ou deux années que Mathilde y songe parfois. Le message est désormais passé, posé ici, au cas où… Au cas où l’une ou l’autre de vous, souhaiterait rejoindre Mathilde dans son rêve et, à plusieurs, le faire naître dans la réalité. 

Par Anne-Cécile S. Michelet
Publié le 20 juin 2025

Mathilde, quelle est ta plus grande qualité ? 

Je dirais, la générosité. Le don de soi, dans mon travail et dans mes relations.


Ce qui te nourrit le plus… 

La nature, les couleurs. 


Ce qui inspire ta créativité : 

La musique baroque. Purcell par exemple me fait vibrer de tout mon être mais aussi les cantates de Bach ou alors, dans un tout autre domaine, la musique West Side Story, tellement puissante dans l’énergie.


Contacts et renseignements : https://www.lesdivergens.com/
Contacts et renseignements : https://www.lesdivergens.com/



bottom of page