S’ouvrir au monde et oser y rire
Par Anne-Cécile S. Michelet
Publié le 9 juin 2025
Bonnet à pompon vissé sur la tête, masque sur le nez, monologuant dans la rue face à son caddie, Soazig Le Brun je l’ai découverte en 2021, sur Facebook, où elle diffusait ses sketchs sur ses météos intérieures. Cela s’appelait la #promeneusedecaddie, c’était plein de bonne humeur et cela ensoleillait les débuts des journées où nous étions confinés. Puis, j’ai découvert qu’elle habitait Grand-Champ...

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Humoriste cependant, ça n’est pas son “vrai” métier. Mais, parce qu’elle est passionnée et que l’humour la fait vibrer, Soazig l’intègre au maximum à sa vie, un pas après l’autre, partout où elle le peut. «Ce que je préfère dans le rire, c’est la puissance de son énergie. Et lorsque c’est moi qui le fais naître, le rire de l’autre me revient en miroir et ça me remplit énormément ! C’est peut-être une réponse positive pour apaiser ma nature, tout autant anxieuse que sensible. Rire de nos failles, de nos contradictions, ça permet de les évacuer. Et lorsqu’on peut le faire avec d'autres, c'est une jolie connexion. »
Après la promeneuse de caddie, Soazig a enchaîné d’autres sketchs, comme ses calendriers de l’avent, saison 1 avec des textes écrits et saison 2 en vidéo. Il y eut aussi, en parallèle, son blog Soazig et tais toi (alors là, surement pas), les spectacles de théâtre d’improvisation avec sa troupe, la Clique du Clic, les chroniques sur radio LaRG et depuis septembre 2024, la Ré-Création, une véritable émission mensuelle, co-animée avec Yann Ricordel. Et la liste n’est pas terminée…
Si l’humour n’est pas supposé faire partie de son métier officiel, puisque sur sa fiche de poste il est noté « assistante de direction commerciale export», son amour du rire est si puissant qu'il a fini par y entrer. «Au départ, j’étais vraiment à 100 %, assistante de direction. Mais un jour on m’a proposé d’animer des séminaires : 200 cadres réunis dans une salle pour écouter de l’information descendante pendant une plénière de 3 heures. Il fallait créer des intermèdes un peu légers pour rendre le tout digeste. La chargée de mission communication m’avait vue sur scène et a proposé mon nom en interne. J’ai immédiatement accepté. Ensuite, moitié par boutade, moitié pas, on m’a proposé l’animation d’une formation à la prise de parole en public.
Ce que je préfère dans le rire, c’est la puissance de son énergie
Grand-Champ aussi fut un joli tremplin pour Soazig. “A l’époque de la Villa Gregam, Thi-Thaî Nguyen, qui en était la responsable, m’avait offert l’opportunité d’y venir avec ma troupe pour faire partie d’une journée dédiée à la création et à l’improvisation. Toutes sortes d’ateliers avaient été organisés pour les citoyens de la commune et d’ailleurs : écriture créative, sérigraphie, linographie, peinture, modelage etc. Un apéro concert a suivi et le soir, un spectacle d’improvisation joué par la Clique du Clic, la troupe dont je fais partie”. Une journée très chouette, pleine de gens rassemblés autour d’un événement culturel ouvert, joyeux et gratuit". Autre point important à mes yeux, les artistes avaient été rémunérés, ce qui est pour moi un signe de considération et de reconnaissance”.
Comme il en a toujours été question, la Villa Gregam a malheureusement définitivement fermé ses portes depuis; lieu éphémère oblige, créant un grand manque pour beaucoup. “Aujourd’hui c’est un peu différent, les budgets ont été réduits partout. Heureusement il y a encore quelques privés qui organisent des évènements, accessibles aux artistes locaux. Ici, nous avons la chance d’avoir Romu qui propose toutes sortes de soirées à thèmes chez Charly, où j’ai pu animer une soirée de stand up. Et puis il y a quelques mois je suis allée assister à une réunion organisée par la mairie sur “comment faire vivre un Tiers Lieu”. J’imagine qu’un tel lieu, s’il se créait, pourrait peut-être accueillir des scènes ouvertes par exemple ou d’autres événements culturels. Mais on nous a indiqué qu’il n’y aura pas de budget, donc ça me semble un peu compliqué.
Cependant, même avec un petit budget et de la bonne volonté de tous, il y aurait moyen de créer des choses. Entre la salle Jo Le Cheviller et l’Espace Intergénérationnel, nous avons déjà des lieux qui s’y prêtent. La scène de Ti Kreiz Ker qui est montée pour 3 mois chaque été et qui n’est occupée qu’un vendredi sur deux pourrait elle aussi être plus exploitée. La commune est riche de bénévoles. Il y a plein d’artistes sur la commune qui seraient heureux de s’exprimer. Il ne manque finalement pas grand-chose pour encourager la culture à Grand-Champ. Je trouve inspirant par exemple le festival Les Transats, organisé par la mairie de Plescop. Nous aussi, nous pourrions mettre en lumière des artistes qui font de la musique, de la danse, de la peinture, que sais-je, lors de piques-niques artistiques. Cela dit, il y a déjà des choses qui se passent, comme la très belle dynamique des Chasseurs d’Images, dont on voit régulièrement les œuvres exposées dans les rues et différents lieux de Grand-Champ. Mais on pourrait faire tellement plus…”
Il y a plein d’artistes sur la commune qui seraient heureux de s’exprimer
Elle est pleine d'idées Soazig et donne très envie de la suivre. L’art la stimule et la scène la transporte mais si, à l’écouter, on sent qu’elle a une certaine confiance en elle, celle-ci ne fut pas innée, raconte-t-elle. Il lui fallut d’abord aller la chercher avant d’oser se lancer. “C’est venu grâce à des lectures, des livres de développement personnel. J’ai suivi les méthodes, pas à pas. Ça a commencé à me motiver. Ensuite, je me suis inscrite à un stage. Son coût représentait une certaine somme à mes yeux et j’ai d’abord hésité à l’investir dans ma propre personne. Heureusement mon chéri m’a décidée à le faire et je me suis offert 3 journées… dingues ! J’en ai retenu notamment, qu’il faut mettre dans notre vie tout ce qui nous fait kiffer. J’ai retenu aussi qu’il faut entendre les encouragements de notre entourage lorsqu’il nous dit qu’on a un don, surtout si c’est dans un domaine qui nous fait vibrer. L’entendre et aussi l’intégrer. J’ai intégré et commencé à mettre des actions en place, au niveau où j’en étais. Et, depuis ce séminaire, tout ce qui me tente, je l’essaie : écrire un blog, faire des chroniques radio, des vidéos... A un moment je me suis dit : tu as envie d’y croire ou pas ? Si oui alors, il faut te lancer !”
« Mais ce que j’ai appris de plus important c’est qu’il faut essayer, oser. Appris à ne jamais fermer complètement la porte, à rien. Appris que, si je sens qu’un truc m’apporte de la joie, je dois y aller, vraiment. Et, appris à ne pas rester seule, surtout. C’est en s’ouvrant au monde qu’il va se passer des choses ».
Une phrase que j’ai trouvée si inspirante que je l’ai gardée comme conclusion. Merci Soazig.
Par Anne-Cécile S. Michelet
Publié le 9 juin 2025
Soazig, c’est quoi ton côté Pikoù Panez ?Le 1er avril 2015 Willy Roveli jouait à l’Espace 2000. Comme j’aimais son travail, j’ai eu envie de lui écrire un texte d’hommage, comme une chronique personnelle que je lui ai lue dans les loges, un peu avant le spectacle. C’est un des aspects de mon côté spontané. Et le plus fort c’est que, à la fin de son spectacle, après avoir remercié l’équipe, l’accueil de la salle, Grand-Champ, etc., il m’a invitée à monter sur scène et à lui relire mon texte, mais cette fois, devant tous ses spectateurs. Ça n'était absolument pas prévu et ça reste un très grand moment pour moi. Ton rêve pour les années à venir ?Oh j’en ai plusieurs ! Pourquoi pas écrire une pièce de théâtre, coécrire une série TV, jouer dans une comédie musicale. J’adore chanter. Mes rêves n’ont pas de limites. J’aimerais beaucoup, pourquoi pas aussi, intégrer une radio plus grosse, régionale ou pourquoi pas nationale...sur France Bleu avec Willy Rovelli. (rire) Bref, je ne me ferme aucune porte, mais je me réjouis de tout ce que j’ai déjà : c’est tellement chanceux déjà de faire autant de choses que j’aime dans un rayon de 20 kilomètres autour de chez moi. Le tissu culturel local est plutôt dense ici et je dois dire que j’en profite ! | En local, à Grand-Champ, as-tu un rêve qu’il te plairait de voir se réaliser ?Oui, ça serait un mix entre cette fameuse journée à la Villa Gregam qui était déjà très bien, où dessin, photographie, musique, chant, théâtre, écriture s’étaient mélangés. On pourrait y intégrer les associations, pour avoir l’occasion d’entendre par exemple aussi un morceau de musique joué par les élèves de l’école. Le tout pourrait prendre la forme d’un évènement particulier. Je me souviens d’une restitution de stage de Marie-Maëlle Tanneau que j’ai eu l’occasion de découvrir et qui m’avait beaucoup plu. Des créations étaient proposées en différents lieux de la ville. Le public les découvrait en faisant une petite randonnée. On s’asseyait, on écoutait : un texte lu, un récit… On pourrait aussi regarder, écrire, sculpter, etc. J'adorerais que l’on monte quelque chose comme ça ici. Les fameux livres qui l’ont inspirée :“J’arrête de râler”, et « Wake up, 4 principes fondamentaux pour arrêter de vivre sa vie à moitié endormi », de Christine Lewicki “Libérez votre créativité”, de Julia Cameron |













