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J’ai testé le self défense (et j'ai adoré)


par Anne-Cécile S. Michelet
publié le 19 sept 2025
Rentrée scolaire, reprise des activités sportives. Cette année, j’ai envie de tester le self défense. Ca n’est pas exactement par fantaisie ni “envie d’un truc qui sort de l’ordinaire” mais plutôt parce que je suis une femme, que notre monde est ce qu’il est et que je souhaite pouvoir récupérer ma voiture sans stresser lorsqu’elle est garée dans une rue mal éclairée ou de prendre un train qui s’avère vide, sans trembler plus que nécessaire.
Parfois, il est important d’être pragmatique et, plutôt que de m’intoxiquer à la peur, je préfère trouver des solutions pratiques et si possible aussi, efficaces. D’où le cours de self défense. En plus, cela tombe bien, cette année, un cours a été créé à Grand-Champ !
Photos : Guy Coste
Photos : Guy Coste

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Ce mardi soir, c’est “séance d’essai”. En attendant que les portes s’ouvrent, je note que je suis principalement entourée de très jeunes personnes et que, toutes jeunes qu’elles soient, ils et elles portent non seulement un kimono mais aussi des ceintures vertes, oranges et d’autres plus sombres : marron, noires, pour cinq ou six d'entre elles et eux. J’ai beau ne rien connaître en arts martiaux, je sais que ça veut dire “bon niveau” et je me sens un peu “pas à ma place”. De mon côté j’ai 58 ans, je ne me suis jamais battue physiquement et j’ai beau porter mon t-shirt de krav maga - vestige de trois mois d’essai il y a 7 ans - ma tenue évoque plutôt le cours de gymnastique ou de danse. Quant à la ceinture, je n'en ai pas, ni verte ni blanche et encore moins noire ou marron. Bref, je ressens un petit stress qui monte en moi !


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Nous entrons dans le dojo et Biagio Costa nous accueille. Lui, c’est l’enseignant de self défense, plus connu par certains et certaines grégamistes comme entraîneur et fondateur du club de karaté de Grand-Champ à qui ils et elles ont parfois confié leurs enfants. Pour moi, cet homme fut le maçon qui, il y a 6 ans, est intervenu sur la construction de ma maison. Un homme dont l’intégrité m’avait tellement touchée à l'époque que j’avais eu envie d’écrire une première fois sur lui, sans qu’il ne le sache pendant longtemps. Je ne l’avais pas fait pour lui faire de la pub - d'autant, je crois, qu’il a pris ensuite sa retraite - mais pour dire que j’étais heureuse que de telles personnes existent. Écrire sur les personnes droites, inspirantes, alignées avec leurs valeurs, cela faisait déjà partie de mes joies.


Ce soir, nous sommes tout de même quelques adultes présents et présentes comme élèves et j’échange avec l’une d’elle, sur le bien fondé d’un tel cours : “Toutes les femmes devraient apprendre à se défendre. Les femmes, les enfants et toutes les personnes souvent prises pour cible, parce qu’elles semblent justement être sans défense ”. Les agresseurs ne sont pas toujours courageux et savent que souvent, filles et femmes ne savent pas souvent se battre. Résultat, et sans vouloir plomber l’ambiance, les statistiques parlent d’elles-mêmes, inutile de développer le sujet : régulièrement, il y a de la casse ! Cela dit, je ne suis pas une obsédée de l’agression et encore moins là pour en baver, mais si je peux lier rassurance avec le plaisir d’une activité physique, il me semble que j’aurai tout gagné. 


Toutes les femmes et les filles devraient apprendre le self-défense


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Nous commençons par des échauffements et, grâce à mes 40 minutes de pratique de yoga chaque matin, comme dit Vincent Cassel dans La haine : “jusqu’ici, tout va bien” (si vous voulez “la ref’”, elle est là). Puis nous entrons dans le vif du sujet. Quelques postures, des gestes, des mouvements. Deux par deux nous pratiquons, au début sans nous toucher. Nous ne sommes pas là pour nous abîmer !


Mes mouvements sont d'abord très timorés. Je suis débutante ++ et je n’ai pas envie de faire mal à mon binôme, à cause d’un geste mal maîtrisé. Ma partenaire portant une ceinture noire, elle m’encourage à oser frapper davantage d'autant que, pour certains exercices, elle tient contre elle une protection en mousse. En plus, comme me dira une autre de mes partenaires, plus tard, “on n'est pas à un cours de danse classique”. Message reçu 5/5 ! Je m’enhardis donc un peu plus. Pif, paf, avec les coudes, le plat de la main ou l’articulation de mon index, je tape plus ou moins comme on nous le demande. En toute franchise, je m’amuse beaucoup et prends plaisir à imaginer ce que mes gestes pourront devenir, si je reviens pratiquer chaque semaine. Sans viser une quelconque ceinture, j’espère pouvoir acquérir des réflexes qui doivent sauver certaines situations. Encore une fois, je ne suis pas obsédée par les agressions dramatiques mais, c’est comme poser une étagère, changer une roue ou ouvrir le couvercle du pot de confiture qui résiste, quand on sait, ça peut être pratique. Vous me suivez ?


Je m’amuse et prends plaisir à imaginer mes gestes plus précis d’ici quelques mois


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Le temps passe vite pendant le cours, dans le calme, la rigueur et la bonne humeur. Deux derniers exercices et nous revoilà à nouveau toutes et tous en ligne, face au miroir pour saluer, comme au début de la séance. Dernières gorgées d'eau bues pour m’hydrater, je me retrouve hors du dojo avec un grand sourire aux lèvres. Il est 20h30 et c'est décidé, je m'inscris.


PS : Comme je vous l’ai dit, nous sommes peu d’adultes pour le moment et ça serait bien, je trouve, si vous veniez nous rejoindre. Et sans faire de militantisme, envoyez aussi vos filles et vos fils. Parce que ça fait du bien de se bouger, parce que l’enseignant met en confiance, parce que ça se passe à Grand-Champ et parce qu'apprendre, c’est mieux que regretter. Vous me suivez toujours ? Alors, à mardi ?

Texte :  Anne-Cécile S. Michelet

Photos : Guy Coste


3 questions à Biagio Costa


A quoi ça sert le self défense ?

Comme son nom l’indique, ça sert à se défendre, à être capable de faire face à des situations dangereuses, notamment en contrôlant ses peurs et ses émotions. Cela passe par plusieurs stades : ne pas paniquer, rester calme. Et aussi apprendre des techniques de contact, à la fois simples et efficaces.


C'est pour qui ? 

C’est pour tout le monde à partir de 14-15 ans. Avant c’est parfois un peu trop tôt. Et il n’y a pas d'âge limite, ni de condition physique attendue. J’ai en tête l’exemple de cette dame d’une petite soixantaine d’années qui avait pris des cours avec moi. Un jour qu’elle marchait avec sa maman, elle a senti qu’elles étaient suivies et que le suiveur semblait être là pour arracher le sac de sa maman, avec toutes les conséquences terribles qu’elle a commencé à imaginer. Rapidement et sans paniquer, elle a réfléchi à une stratégie et, profitant d'un coin de rue, elle a pris par surprise leur suiveur en faisant demi-tour pour se retrouver face à lui. Là, c'est lui qui a paniqué car ce n’était pas le scénario facile qu'il imaginait. C’est lui aussi qui a pris la fuite.

Au bout de combien de temps on devient moins gauche ? 

Ça dépend vraiment de la personnalité et du caractère de l’élève. Certains vont aller très vite et d’autres particulièrement lentement. Disons qu’en moyenne au bout de six mois de pratique assidue, ça commence à porter ses fruits.


Biagio Costa, enseignant de self défense
Biagio Costa, enseignant de self défense

Renseignements : Thomas Armant 06 16 95 75 49 grandchampkarateclub@yahoo.fr 


Tarif : 180 euros pour l’année (cela comprend le self défense le mardi soir + le karaté le vendredi soir. Même si, comme nous l’a dit Biagio Costa “c'est quand même un peu mélangé, parce qu'il y a des gestes de karaté dans le self défense. Et que le karaté, ça peut aussi servir à se défendre”.) Vous venez un soir ou deux, c'est vous qui voyez !



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